Une situation qui préfigure l’Europe dans quelques années et fait du Japon un laboratoire pour adapter la société au vieillissement. Ce nom veut marquer le début d'une période qui déborde d'espoir. Shinzo Abe - Premier ministre du Japon.

L’espoir fait vivre

En outre, comme le pourcentage de célibataires à vie atteint aujourd’hui 23% chez les hommes et 14% chez les femmes, la proportion de personnes âgées qui vieillissent seules continuera à augmenter.

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En outre, le Japon et la France partagent beaucoup de valeurs comme la démocratie et les droits de l’homme, malgré de grandes différences culturelles et historiques. Quand on parle d’adapter la société au vieillissement, chez nous comme au Japon, on pense d’abord à l’adoption de solutions pour venir en aide aux seniors dépendants.

Les robots

Le Japon a décidé de miser sur la robotique pour tenir compagnie et aider les personnes âgées à domicile et surtout en maison de retraite. La question de l’adaptation de la société au vieillissement ne doit pas se limiter à la recherche de solutions pour les plus âgés des âgés. Adapter la société au vieillissement c’est adapter toute la société à un nouveau paradigme dans lequel la vie est beaucoup plus longue et les âgés potentiellement plus nombreux que les jeunes. Derrière le cliché d’un Japon qui se prépare au vieillissement en misant tout sur la robotique se dessine une société qui paie au prix fort une forme de déni de son propre vieillissement, ou plutôt des conséquences de ce vieillissement sur l’état d’esprit de la population.

L’impact du vieillissement sur l’audace et l’esprit d’entreprendre

Il reconnaît que le Japon est « paralysé » mais on y relève aussi de sévères critiques contre « une société indifférente à ses générations actives et des questions sur la place laissée aux jeunes dans le débat public ». Les auteurs brossent le portrait d’une « démocratie des seniors », dans laquelle une grande partie de l'électorat est d’âge avancé et semble se cramponner à un modèle de société révolu.

L’impact du vieillissement sur les rapports intergénérationnels

Cette crise intergénérationnelle a connu un regain de vivacité ce mois-ci avec la parution dans le NY Times d’un article mettant en lumière les travaux d’un professeur adjoint d’économie à Yale appelé Yasuke Naruta2. Âgé de 37 ans, il suggère depuis des années que les vieux japonais devraient se suicider afin de ne plus être un fardeau pour les jeunes générations. "Si vous pensez que c'est bien, peut-être pouvez-vous travailler dur pour créer une société comme celle-ci." Il a également discuté de l'euthanasie, prédisant que la possibilité de la rendre obligatoire à l'avenir fera partie du débat public.

Dans quelle mesure ce point de vue est-il répandu ?

L'année dernière, un film dystopique de la réalisatrice japonaise Chie Hayakawa appelé Plan 75 imaginait des vendeurs offrant aux citoyens âgés une incitation à l'auto-euthanasie et à ne plus être un fardeau pour la société.

L’impact du vieillissement sur le peuplement des zones périurbaines

Ces municipalités risquent de connaître une baisse de 50 à 70% et plus du nombre de femmes en âge de procréer dans les années qui viennent. Les régions touchées comme Hokkaido et le Tohoku ont vu une grande partie de leur population migrer vers la ceinture économique du Tokaido durant l’essor économique d’après-guerre. C’est dans ce contexte que le gouvernement japonais va proposer jusqu’à 1 million de yens, soit environ 7 100 euros, par enfant pour inciter les familles à quitter la capitale. Les autorités cherchent ainsi à désengorger Tokyo et ses environs, où vivent 35 des 125 millions d’habitants que compte l’archipel, soit 28 % de la population.

Elles aussi essayent de trouver la parade en construisant des résidences pour personnes âgées ou même des villages inclusifs destinés à reloger en zone rurale des seniors isolés dans des villes qui ne sont pas adaptées à leur situation.

Part de la population agée de 65 ans et plus

Une des raisons est le faible taux de natalité dans ces pays. Au Japon et en Corée, l'inégalité entre les sexes et le coût élevé de l'éducation des enfants ont joué un rôle important. Dans ces pays où le rôle de la mère est très codifié, il est difficile pour les femmes de combiner la parentalité avec une carrière épanouissante. L'espérance de vie est également longue dans ces pays.

Le Japon a le pourcentage le plus élevé de personnes âgées atteintes de démence. Les sociétés doivent planifier leur vieillissement, et elles ne sont pas bien préparées pour le faire. Les personnes âgées en Asie sont souvent en bonne santé physique. Certaines personnes meurent seules, comme l'a écrit mon collègue Norimitsu Onishi il y a quelques années.

Les gens ont moins d'enfants qu'avant. Ces enfants se déplacent vers les villes et ne sont pas en mesure de prendre soin de leurs parents qui sont laissés-pour-compte dans les zones de dépeuplement. Les personnes âgées vivent donc isolées.

Faire venir des travailleurs d'autres pays semble être la seule solution, mais le Japon est notoirement opposé à l'immigration. Il y a quelques années, il a modifié ses lois pour autoriser certains travailleurs, mais les paramètres étaient stricts et cela n'a pas eu d'impact majeur. Le Japon n'est pas le seul pays de la région à lutter contre cela. La Chine s'est efforcée de prévenir le déclin en mettant fin à sa politique de l'enfant unique et en encourageant les familles à avoir plus d'enfants, y compris – comme au Japon – en subventionnant les technologies de procréation assistée, dans l'espoir que cela stimulera davantage de naissances.

Vous avez récemment écrit une histoire sur des personnes âgées à Tokyo travaillant dans des emplois manuels. Quelques années après avoir vécu ici, j'ai embauché des déménageurs. Dans les gares, il y a plus de sièges pour les personnes âgées, mais aussi plus de personnes âgées qui montent prestement les escaliers que ce que j'avais l'habitude de voir à New York. C'est très clairement une société plus âgée.